Groupe II
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le 21/12/2006
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à 3 ans, je te vois débuter, un poulain porteur de promesses parmi les autres, tu portes cette casaque que je suis depuis que je sais lire, et déjà tu sors du lot : des sauts appliqués, un physique de ballerine tout en rondeurs comme maman, une robe baie rougeoyante comme papa, une tête expressive qui t'attire l'amitié de tout le monde, et du blanc partout, pour l'élégance, mais dont on dit qu'il rend les jambes fragiles.
à 4 ans, le programme est chargé, il y a tant de bonnes courses à courir, et je charrie ton éleveur chaque fois que je le vois, il t'a bien nommé, toujours à l'arrivée, mais jamais à la gagne, ça viendra.
5 ans et te voilà enfin vainqueur, coup sur coup dont une listed, et les appréhensions arrivent. Le temps de l'apprentissage est passé, il va falloir affronter les vieux briscards à Auteuil et maitriser la piste extérieure. Te voilà cheval de bon handicap, celui qui sans doute ne gagnera jamais un groupe, ou peut être en province, et la valse des kilos commence, ceux que tu prends a chaque place et qu'il faut perdre en courant encore, trop peut-être, mais le moyen de faire autrement ...
6 ans déjà et tu n'es plus le poulain qui promet, qu'il faut situer, te voilà entré dans la catégorie des "sympathique mascotte - brave serviteur", tu es presque dispensé d'auteuil et de sa ligne droite qui coupe le souffle et laisse les jambes lourdes, les champs de course roulants te tendent les bras.
Il y a quelques mois encore, je suis allée te faire une caresse pendant tes vacances. Il y a quelques semaines encore, je disais à ton éleveur pour la cinquantième fois que quand le temps viendrait de te reconvertir, j'étais volontaire pour te récupérer.
Il y a deux jours encore, je rageais de ne pouvoir aller à Clairefontaine, trop tard cette course, après il y a la route. Et puis dans les semaines à venir, il y a d'autres courses pour toi, tu en courras sûrement une, ou bien j'irai te voir pendant tes vacances.
Hier j'ai appris que la mort t'avait rattrapé, pas sur un obstacle, ça ne risquait pas d'arriver avec ton style parfait, mais sur le plat. Un trou, une motte, une jambe devenue fragile, qui sait. J'ai bien fait de ne pas aller à Clairefontaine, ça aurait été trop dur.
A l'automne, de nouveaux poulains vont débuter et peut-être y en aura t'il un, alezan, noir charbon, gris fer, qui aura ce petit truc en plus et qui prendra la place que tu laisses vacante.
En attendant, tu rejoins les autres que j'ai suivi de près ou de loin, admiré, et qui sont partis trop tôt, et je pense à ton entraineur, pour qui ce vendredi a été bien amer malgré la victoire, et à ton éleveur qui t'aimait et t'admirait. |
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