Course A
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le 9/9/2003
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Le fils de son père
C'est bien ce que l'on attend du Prix de l'Arc de Triomphe : qu'en un peu plus de deux minutes, il éclaire la saison classique du sceau de la vérité.
On peut tout à fait analyser la course de Dimanche en égrennant les performances de chacun des concurrents et l'on s'apercevra que finalement il y a peu d'excuses à faire valoir hormis quelques déceptions, et que chacun des compétiteurs a fini à sa place.
Hurricane Run nous a prouvé qu'il était le meilleur cheval de la saison mais sa victoire rend également un hommage appuyé à l'orfèvre André Fabre qui a réalisé ce qu'il sait faire le mieux : amener ses champions au sommet non pas la veille, ni le lendemain mais le jour de l'Arc. Avec le fils de Montjeu, c'était pas gagné, et il est admirable de constater que depuis le Prix Hocquart ou il démontrait déjà une classe hors du commun, chaque course l'a vu toujours un peu moins "bébé", jusqu'à sa consécration de dimanche. Beaucoup en sont encore à regretter que le Jockey Club, réduit à 2100 mètres ait été le théâtre de la seule défaite du fils de Montjeu. Mais, je l'ai déjà dit, c'est l'immaturité d'Hurricane Run qui en est la cause, ainsi que le faux train de Dettori qui a eu pour effet... de rendre encore plus évidentes les mauvaises manières de notre champion.
Cessons de stigmatiser la distance du Jockey Club, observons plutôt que notre derby aura cette année un rating supérieur à son équivalent d'Epsom, et que Shamardal restera un digne vainqueur, gagnant de 4 groupes1 (en dominant largement Oratorio...)
Personne ne s'arrêtera également au parcours heureux et au "tapis roulant" dont a bénéficié Hurricane Run, tout droit le long de la corde, dès lors qu'il a fourni cette accélération ébouriffante, le propre des cracks. Car il s'agit maintenant -on ne se refait pas- de comparer Hurrican Run avec ses glorieux prédecesseurs... Cheval très puissant -ce qui rend sa capacité à accélerer brutalement encore plus notable-, magnifique, très signé par son père, il devrait faire un 4 ans d'exception pour peu qu'on le maintienne à l'entraînement. Espérons-le en tout cas car ce pur-sang a encore beaucoup à nous montrer.
La seconde place de Westerner a comblé d'aise Alec Wildenstein et surtout un Elie Lellouche en totale ébullition mais également tous les amoureux des courses et des paris difficiles. On a même cru à sa victoire un instant. Cheval de classe, doté d'une vitesse de base d'un bon niveau mais surtout d'un fond exceptionnel qui lui a permis de s'endurcir et de devenir un premier plan, il vient ajouter son nom en tête de la liste des outsiders parvenus à leur sommet et dotés de suffisamment de classe pour emporter un accessit dans la plus prestigieuse course du monde.Une vraie carrière, une très grande performance qui alliées à un pedigree de seigneur en feront un étalon recherché.
Pour le première fois depuis fin 2004, on a la sensation que Bago a livré sa valeur, son voyage à l'extérieur lui coûtant sans doute la seconde place. Son état de forme apparent m'a d'ailleurs fait regretter cette course trop attentiste. La fin de sa carrière est proche, et l'on se rappellera de lui comme un champion à la régularité exemplaire, sur la brèche de 2 à 4ans, et titulaire d'une carte de visite des plus enviables.
S'il a fait sa course Motivator n'a pas à mon sens fourni sa véritable mesure - ce qui n'est pas contradictoire-, en celà qu'il a démontré une valeur simplement inhérente à sa préparation peu académique au grand rendez-vous de Longchamp. Il n'y qu'à comparer avec celle d'Hurricane Run...Il laissera le souvenir d'un superbe vainqueur de Derby d'Epsom. Et même si il était apparu assez vite que l'opposition était médiocre ce jour-là , le style de son succès avait quand même marqué les esprits.
Shawanda n'a guère d'excuses à faire valoir sinon l'engouement involontaire mais bien logique qu'elle avait suscité avant la course. Sur 2400mètres, elle était et de loin la meilleure pouliche de la saison, mais dans une génération quelconque.
La prestation de Scorpion trop mauvaise pour être exacte (il avait complètement perdu son action à 400 mètres du poteau) est la seule contre-performance avérée de l'épreuve, sans doute l'effet du St Léger, mais on le reverra avec plaisir.
Pour finir, parlons un peu de l'entourage du vainqueur On reproche souvent à André Fabre de bouder la presse. Il est vrai qu'on aimerait connaître ses points de vue, ses analyses sur le management de ses protégés lui qui a connu tant de champions et tant d'expériences. Pour ma part, je m'en tiens à respecter son attitude. Certains attribuent son silence ascétique (encore que légèrement rompu récemment) à une sorte de prétention hautaine. Pour moi, les raisons de son attitude sont ailleurs, plutôt à chercher vers un caractère secret, voire timide, des origines socio-culturelles aux antipodes des manières parfois trop populaires de la sphère turfiste, mais également à une sorte de pureté intellectuelle, de perfectionisme chevillé à l'esprit. Autant de traits culpabilisants qui s'ils portent en eux les germes de la mégalomanie, érigent le silence en mécanisme d'auto-défense, car incompatibles avec toute forme de publicité notamment quand elle a pour cadre le prisme déformant de la presse.
En dépit du malin plaisir qui est le mien à pourfendre régulièrement Kieran Fallon, force est de constater que ce jockey au style rien moins qu'hétérodoxe a du talent à revendre et le sang-froid nécessaire pour enchaîner les victoires classiques. Enfin, un mot sur Mickael Tabor et sur le team Coolmore qui connaît une fin d'année extraordinaire, notamment en ce dimanche céleste ou une petite-fille de Miesque nous a rappelé sa grand-mère. Quant à Horatio Nelson, croyez-moi, c'est pas un manchot. |
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