Course A
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le 9/9/2003
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Le mois de Mars marque traditionnellement la reprise de la saison de plat en région parisienne. Il marque également mon réveil hippique, car je n'ai jamais fait mystère de mon goût (devenu) modéré pour les courses de trot et de mon absence totale d'appétence pour le sport illégitime.
A l'aube de la nouvelle saison, l'on pourrait commenter le retrait prochain de Louis Romanet de ses fonctions de Directeur Général de France Galop, et le succulent profil du successeur idéal qu'a dressé Mr de Rothschild, mais on y reviendra. Ou encore les mésaventures des transfuges Valixir et Cherry Mix à Dubaï, un phénomène désormais parfaitement identifié. Mais concentrons-nous plutôt sur le maintien à l'entraînement de Hurricane Run, auréolé de son titre de champion du monde, qui rejouit bien sûr tous les puristes. Cet évènement est l'occasion de revenir sur les gagnants d'Arc restés sur le pont l'année suivante, la plupart du temps avec le projet de doubler la mise. Ils sont plus nombreux qu'on ne le croirait à priori mais il est édifiant de constater à quel point un sort contraire s'est acharné sur ces défis sportifs.
Voyons comment.
Commençons ce somptueux florilège par le grand mais petit Mill Reef qui se promène dans l'Arc en 1972. Le printemps suivant il pulvérise l'opposition dans le Ganay (10 longueurs) et dans la Coronation Cup avant de se blesser grièvement et on ne le revît pas. Dans la foulée, vient l'époque de la glorieuse Allez France, seconde en 73 gagnante en 1974 mais battue un an plus tard (5ème dans l'édition Star Appeal).
En 1977, le tandem Sangster/O'Brien nous a sorti du chapeau Alleged qui s'impose dans l'Arc sans l'ombre d'une discussion. L'année suivante, malade, il évite les grands combats estivaux jusqu'à sa rentrée dans le Prix du Prince d'Orange ou il bat le record avant d'être à nouveau sacré à Longchamp, sans plus de débats ce qui fera dire à Jean Trarieux, fameux chroniqueur de l'époque : "Recommencez dix fois la course, dix fois elle sera gagnée par Alleged"
Comme tant de bonnes pouliches restées en compétition, Three Troikas (1980) et All Along (1984, elle a 5ans) ne sont plus tout à fait au top niveau douze mois après leur triomphe et ne peuvent réaliser le doublé.Mais ces deux championnes se comportent plus qu'honorablement
Non placé en 1983, vainqueur en 1984 face à un lot de premier plan, Sagace brille dans sa course de rentrée, le Prix Ganay avant de faire sien le Prix d'Ispahan. Fragile, on ne le revoit plus avant l'automne. Pour sa réapparition, il respire dans le Prix Foy. La suite n'est rien d'autre qu'une tragédie, vainqueur puis rétrogradé pour avoir géné Rainbow Quest, une des décisions les plus controversées de l'histoire.
Il faut attendre 1992 pour voir un gagnant d'Arc remettre l'ouvrage sur le métier. L'année précédente Suave Dancer a ébloui Longchamp en enlevant le trophée au prix d'une accélération saisissante. Il fait sa rentrée dans le Ganay mais ce sera sa dernière tentative car il finit 3ème derrière Subotica et Pistolet Bleu, ses dauphins de la génération classique, un sacré trio. Blessé peu après, il ne réapparaitra pas -hélas- mais il sera statufié à Longchamp.
En surclassant l'opposition en 1996, Helissio a marqué les esprits.Mais un an plus tard, il arrive fatigué et mal préparé à Longchamp et céde le pas à Peintre Célèbre qui ce jour là humilie ses adversaires et bat le record de la course. Peintre Célèbre est programmé pour rentrer dans la légende en 1998. Las, il se blesse juste avant le Ganay, ce qui sur l'instant me causa une déception à peu près équivalente à celle que fut la mienne, quand émoustillé par les chaleurs de Juin, porté par l'insouciance des vacances approchantes, hygiénique et parfumé, je déclarai en vacillant ma flamme à une certaine Valérie qui en guise de réponse m'adressa un sourire flatté mais désolé, avant de tourner les talons.
Montjeu a dominé l'Arc 1999 revenant du diable vauvert fondre comme un vautour sur le fuyard japonais El Condor Pasa. Quand je revois la course, je reste éffaré par la différence de comportement entre Kinane qui, tel un pantin désarticulé, arrache tout ce qu'il y dans le ventre de sa monture, tandis que le jockey nippon M.Ebina pousse son partenaire avec la même vigueur qui peut être la votre quand vous faites un footing après avoir ingéré du Valium, ou celle d'un chien arthritique qui n'a pas reçu sa dose d'acide tolfénamique. Bref, un an plus tard, Montjeu parait au dessus du lot : il a gagné la Gold Cup du Curragh, le GP de Saint Cloud et les King George dans un canter et on se dit alors qu'il faudrait un phénomène et/ou une méforme passagère pour contrecarrer ses projets de doublé. Ces deux ingrédients seront pourtant réunis au mois d'octobre. Sinndar l'emporte en crack, et Montjeu finit quatrième battu par les bonnes pouliches de l'année. On aurait aimé le voir au sommet ce jour là car nous fûmes tous frustrés d'un duel d'anthologie
On finira le propos en évoquant les cas de Carnegie, Sagamix vainqueurs de petits millésimes qui n'avaient pas le niveau pour rééditer l'exploit et Sakhee (celui-ci bien meilleur que ceux-là) qui ne retrouva jamais les qualités qui lui avait permis d'accrocher la plus belle course du monde. Enfin, les exploits de Bago sont encore tout proches, je ne les commenterai pas ici : on trouvera tout ce qu'on veut sur le site.
Il y a sans doutes dans ce compte rendu rapide des approximations ou des oublis, merci de les corriger si nécessaire.Bref, on le voit, un sacré challenge à relever pour Hurricane Run : Alleged est le seul à avoir réalisé le doublé depuis 50 ans et il n'avait que deux courses dans les jambes avant sa seconde tenative. L'organisme ne sort pas indemne d'une saison classique au plus haut niveau notamment pour les lauréats, et il faut être un entraîneur de haut rang pour savoir doser une année de 4 ans pourvue en combats durs, avant le grand rendez-vous, le seul qu'il ne faut pas manquer.
En gros, il est plus facile de gagner l'Arc à 4 ans -ou plus- quand on n'a pas été des grands combats classiques, ou qu'on en était les dauphins. |
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