Portail hippique
Connexion
Pseudo

Mot de passe



Mot de passe perdu ?

Pas encore membre ?
Inscrivez-vous !
Navigation

/  Index des forums » LE GALOP » Courses de plat

     ≡  Votre premier Arc


Nouveaux en premier  
 


§DylanThomas # 15 ≡ Re: Votre premier Arc
Groupe I
Groupe I
DylanThomas
6285 posts depuis
le 17/3/2008
Eh bien moi, c'était l'Arc de... comme mon pseudo l'indique! :-P

Petite histoire, en deux parties:

Acte I: quelques mois plus tôt, au printemps 2007, période où j'ai commencé à fréquenter assidument les hippodromes, je bossais dans une bibliothèque où j'étais chargé de cataloguer entre autres tout le secteur "littérature britannique", dont les œuvres d'un certain... Dylan Thomas. Celui-là même dont je connaissait le nom de longue date du fait de la légende qui le lie au choix par Robert Zimmerman du pseudonyme de Bob Dylan; Bob lui-même a cherché à démentir, mais la légende a la vie dure... et puis, n'a-t-il pas lui même utilisé à l'occasion le pseudonyme de "Robert Milkwood Thomas", référence transparente à la pièce de théâtre "Under Milk Wood" (Au bois Lacté en VF) de Thomas? Si ce n'est pas une forme d'aveu... Le poète gallois lui-même avait eu une vie et surtout une fin prématurée de rock star avant l'heure, mort à 39 ans de ses excès. Bref, coïncidence, un jour, par hasard, en profitant de ma pause du midi, je vais voir le programme du weekend à Longchamp sur le net et je vois dans le Prix Ganay un partant portant ce nom évocateur pour moi... Le dimanche suivant, chemise assortie à la casaque, je débarque donc pour voir "la bête".

Au rond, je me garde bien d'avoir la moindre impression, ne faisant pas encore confiance à mon œil de béotien (ce n'est qu'un an plus tard à peu près avec la "Poule" de Falco que j'ai commencé à m'y fier), mais de toute façon vue la cote je me doute bien que le pensionnaire d'Aidan O'Brien semble de l'avis général difficile à battre. La course commence, menée tambour battant par Sign of the Wolf, leader attitré mais aussi frère utérin du deuxième favori et principal rival de "mon" Dylan, Irish Wells. Le peloton arrive dans la ligne droite, le lièvre a laissé la place à son compagnon d'écurie, mais Dylan Thomas qui jusqu'ici semblait s'être finalement peu intéressé à la course remonte, remonte... et semble stagner! Il ne progresse plus, le grand favori à moins d'1,5/1 semble devoir être battu, stupéfaction dans les travées encore rythmées aux cris des "allez", "vas-y", "allez, va chercher", les voix des preneurs des deux favoris se réunissant dans ces incantations aussi communes que contradictoires... Et là, tout d'un coup, le moment de grâce: en quelques foulées, Dylan Thomas repart et s'envole, comme s'il avait attendu le dernier moment pour enclencher la deuxième vitesse. Des années après, je jurerais encore avoir à ce moment là entendu les clameurs de Longchamp se muer, petit à petit, foulée après foulée, en un grand "oooooooooooh!" d'admiration. Ce jour-là, j'en ai eu la certitude: ce cheval avait une deuxième accélération hors du commun. Et surtout, j'en était convaincu, quelques mois plus tard, il allait gagner l'Arc...

Acte II: dimanche 7 octobre 2007. En quelques mois sur les hippodromes, je n'ai encore jamais vu une foule pareille, et pour cause!... Depuis quelques jours déjà, j'ai un goût un peu amer en écoutant les commentaires: tout le monde n'en a que pour Authorized, vainqueur du Derby, ou pour les représentants français, la championne Mandesha et le vainqueur du Grand Prix de Paris Zambezi Sun en tête. Même Soldier of Fortune, compagnon d'écurie de Dylan Thomas, reste plus joué que mon chouchou une bonne partie de la journée. Scandale, crime de lèse-majesté: je n'en démords pas, j'ai un peu suivi les courses en France et outre-Manche depuis le Printemps, et aucun ne m'a autant impressionné que mon chouchou, monté par Kieran Fallon, revenu peu avant sur les pistes après une longue suspension (il avait été remplacé par Christophe Soumillon dans le Ganay). Et puis, j'ai remis la même chemise bleu marine que pour le Ganay: ça ne peut que lui porter bonheur. Elle est en pur synthétique, il fait froid et couvert comme je suis elle va encore me faire transpirer comme je ne sais quoi, mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour mon cher Dylan...

Doté à l'époque d'un appareil photo des plus rudimentaires, j'arrive par miracle à me faufiler au rond avant la course, puis à revenir côté piste. Impossible de trouver place le long de la lice, mais quelques mètres en contre-haut je trouve une place, juste à côté d'un groupe de spectateurs... irlandais. J'ai juste ce qu'il faut de visibilité pour voir la course par dessus les têtes de ceux qui se sont massés contre la lice: parfait. Et c'est parti! Les deux leaders missionnée par O'Brien prennent la course en main; à l'arrière, Dylan Thomas attend son heure. Arrive la ligne droite, et là démarrage fulgurant, non sans pencher il est vrai, ce qui donnera lieu ensuite à une interminable enquête... Mais après tout, comment exiger d'un cheval nommé en hommage à un alcoolique notoire et fier de l'être qu'il tienne sa ligne? :-D "Yeaaaaah, go, go Kieren, go boy!": mon voisin de droite, un colosse visiblement égayé par son (ou ses?) passage(s) au bar de l'hippodrome avant la course, l'a bien senti, cette fois c'est la bonne! Dylan Thomas se détache, un seul concurrent lui résiste encore et tente de revenir sur lui: Youmzain. Youmzain le mal-aimé, Youmzain que les parieurs ont abandonné à plus de 80/1, Youmzain dont les pages hippiques d'un quotidien généraliste distribué gratuitement à titre publicitaire ce jour-là aux abords de l'hippodrome reconnaissaient qu'il était irréprochable tout en ajoutant non sans une forme de condescendance que face à cette opposition il semblait tout de même limité (paradoxe qui m'avait d'ailleurs poussé à jouer un "2 sur 4" Dylan-Youmzain qui s'avérera au final des plus lucratifs). J'ai confiance, je connais cette seconde accélération dont Dylan est capable... Mais Youmzain ne lâche rien, il résiste, il tient bon, ne cède pas un pouce, sans rien reprendre mais sans rien perdre non plus... Au plus fort de la lutte, Dylan Thomas avait une tête d'avance; il n'en aura pas plus à l'arrivée, signe de l'extraordinaire résistance de son rival, mais n'en aura pas moins non plus: après tout, c'est là l'essentiel.

Au passage du poteau, mes voisins de course exultent, moi aussi. Quelques regards et quelques mots échangés à peine suffisent à laisser transparaître la même émotion partagée. La sonnerie indiquant l'enquête quelques instants plus tard ne tempère en rien ma sensation d'avoir vécu un moment particulièrement fort: quand bien même ils lui auraient repris la victoire, ils ne m'auraient rien repris de ces 2 minutes 30 (un peu moins même) d'émotion pure et d'adrénaline absolue. Je me souviens être ensuite retourné au rond voir le retour des héros, puis avoir fait les cent pas dans le souterrain en attendant frénétiquement le résultat de l'enquête. Une fois le résultat confirmé, retour en bord de piste où je m'incruste à nouveau avec le même groupe d'irlandais, en délire au moment de leur hymne national. Le reste de la journée, avant comme après, est un peu plus confus, je me souviens tout de même de quelques petites choses, de ce Prix de l'Abbaye dont j'avais désespérément essayé d'apercevoir quoique ce soit sur cette ligne droite éloignée dont j'ignorais jusque là l'existence, de la défaite de Finsceal Beo que j'aimais aussi beaucoup dans l'Opéra, de celle de Yeats dans le Cadran face au pas si mal nommé Le Miracle qui un an et demi auparavant courait encore à réclamer... Mais rien d'aussi distinct évidemment que cet Arc lui-même.

Alors que dans moins d'une semaine le Longchamp que j'ai connu va fermer ses portes, c'est clairement ce moment qui va me rester en tête. Des Arcs, j'en ai pourtant vu d'autres ensuite: ceux (magiques) de Zarkava et Sea The Stars, tous deux seuls au monde pour faire de Youmzain un éternel Poulidor des pistes avec trois secondes places d'affilée; celui de Workforce, plus contrasté par une sombre histoire de trafic et de jeu d'auto-tamponneuses qui a probablement coûté cher à Lope De Vega; celui de Danedream, impériale mais hélas privée de la chance de réaliser le doublé l'année suivante pour une triste histoire de quarantaine; celui de Solemia enfin, dernier à ce jour auquel j'aie assisté sur place, finalement lassé non par la course ni même l'ambiance (pourtant surpeuplée) du jour mais par l'omniprésence d'un encombrant sponsor, mais c'est là une toute autre histoire...
22.10.13 - 00:35 Profil
 

   

Rechercher

Mots clés :    

[ Recherche avancée ]

Permissions

Vous ne pouvez pas créer un sujet.
Vous ne pouvez pas éditer les sujets.
Vous ne pouvez pas ajouter des sondages.
Vous ne pouvez pas attacher des fichiers.
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets.
Vous ne pouvez pas supprimer.
Vous pouvez voter.
XML / RSS

  • Rendez-vous sur C-F.fr

  • c-f.fr trot


    courses-france.com reste en ligne en tant qu'archive mais n'est plus en service.

    Rejoignez la communauté sur C-F.fr

    Les anciens membres de courses-france.com doivent aussi créer un nouveau compte pour pouvoir se connecter sur C-F.fr


    - Page créée en 0.08 Secondes -