
Groupe II
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Du côté des professionnels, on répond que tout sport comporte des risques. C’est en ces termes que Paul Nicholls a analysé à chaud les événements dernier Grand National : « Quand vous pratiquez un sport de haut niveau, quel qu’il soit, il y a des risques. (…) Nous devons vivre avec ça et faire avec. » Encore sous le choc de la perte d’According to Pete (fracture, euthanasie inévitable), le propriétaire et entraîneur Malcolm Jefferson ne disait pas autre chose après la course au micro de Racing UK : « C’était un de mes chevaux favoris… C’est donc très dur pour moi. En tant qu’entraîneur, et c’est la même chose pour tous ceux qui travaillent dans la milieu hippique, vous n’alignez pas votre cheval en course pour le voir mourir. » Il ajoute, visiblement sous le coup de l’émotion : « Tout le monde aimait Peter, il avait cette grande tête toute blanche, et il adorait courir… (…) C’est juste un accident abominable. Vous savez, il adorait ça, il adorait sauter juste pour le plaisir… (…) Vous ne pouvez rien y faire, c’est un accident qui aurait pu arriver n’importe où, n’importe quand , mais parce que ça s’est produit dans le Grand National, tout le monde l’a vu. »
Des idées mais aucune solution idéale
Bien sûr organisateurs comme professionnels cherchent des solutions pour perpétuer la tradition du Grand National sans mettre les chevaux en danger. Mais personne n’a la formule magique. Si l’on écoute la British Racing Authorities (BHA), il suffirait de raccourcir la course pour faire baisser le nombre de morts (lire leur analyse ici) : la plupart des steeple-chases mesure entre 2 et 3,25 miles, contre plus de 4 miles pour le Grand National. L’institution pointe également du doigt le nombre trop élevé d’obstacles (seul le terrifiant Velka Pardubicka en compte plus) et l’état du terrain (si la piste est rapide, le risque se multiplie). Après la mort de deux chevaux en 2011, des mesures ont d’ailleurs été prises pour mieux sécuriser les obstacles. En vain…
Ce qui inquiète les amoureux de la course, c’est évidemment que toutes ces mesures de sécurité en dénature l’esprit. La réputation internationale du Grand National est directement liée à sa difficulté cyclopéenne, l’édulcorer reviendrait donc à la condamner. Si l’on écoute les professionnels, une telle décision serait même contre-productive ! « Le pire que vous puissiez faire, ce serait de diminuer la taille des obstacles, avance ainsi Paul Nicholls. Les chevaux iraient encore plus vite et vous auriez encore plus de chutes. » C’est pourquoi Malcolm Jefferson préconise paradoxalement qu’on agrandisse les haies : « A mes yeux, les fences devraient être plus gros pour ralentir les chevaux. Même s’ils faisaient 30 cm de plus, According to Pete aurait pu les sauter quand même ». Un constat que l’entraîneur et quadruple vainqueur du Grand National Ginger McCain résume par cette formule lapidaire : « Vous ne rendrez pas la course moins dangereuse en la rendant plus facile. » |
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