Groupe I
1465 posts depuis le 20/1/2008 De : 03
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Qu'en pensez vous? : lu sur JDG tout à l'heure: et entendu dans le reportage; J'ai trouvé la réflexion de JP Gallorini intéressante-
Savez-vous pourquoi Chinco ne saute pas le rail-ditch ? » « Non Monsieur, je ne sais pas. » « C’est parce qu’il n’a pas compris. » Audelà de faire sourire, cet échange entre André Adèle et Jean-Paul Gallorini (raconté par le second au cours du reportage qui lui est consacré sur Equidia) donne à réfléchir. Pour donner leur pleine mesure, pour passer la surmultipliée dans la ligne droite ou sauter le rail-ditch, les chevaux ont avant tout besoin de comprendre ce que l’on attend d’eux. Des exemples, il en existe tous les jours, le plus difficile étant de les identifier. C’est difficile car souvent, quand un cheval signe une performance en amélioration, on pense qu’il a progressé, qu’il s’est amélioré. Or ce n’est pas toujours le cas : parfois, le cheval était déjà bon ; s’il a mieux couru, ce n’est pas qu’il a progressé, c’est simplement qu’il avait besoin de comprendre… Quels sont les points communs entre Montmartre (Montjeu) et Magadan (High Chaparral) ? Ce sont deux des meilleurs 3ans de la saison 2008, le premier ayant remporté le Grand Prix de Paris (Gr1), où le second s’est classé troisième. Oui, mais encore ? Ils avaient tous deux mal couru avant cela dans le Jockey Club (Gr1), terminant non placés. Pourquoi ? Pas parce qu’ils étaient limités, sans quoi ils n’auraient pas brillé à Longchamp ensuite. Pas non plus par la faute de la distance, car leur contre-performance du Jockey Club était trop importante pour être juste une question d’hectomètres. Non, la vraie raison, c’est qu’ils n’avaient pas “compris”. Ils n’avaient couru que deux fois, Montmartre remportant de bout en bout une “D”, ce qui est une leçon peu instructive, et Magadan gagnant pour ses débuts le Prix Juigné (F) avant d’être disqualifié dans le Prix de Suresnes (L). Face à des concurrents endurcis comme Vision d’Etat (Chichicastenango), leur maigre expérience ne pesait pas bien lourd et ils ont été inexistants à Chantilly. Le lauréat du Prix d’Ispahan (Gr1), Never on Sunday (Sunday Break) est un autre exemple. En début d’année de 3ans, ses premiers pas parisiens ont été relativement moyens : quatrième puis deuxième. Et au final, il vient de gagner un Gr1. Pour beaucoup d’observateurs, le cheval a simplement progressé entre 3 et 4ans. Ce n’est pas mon avis. La classe, il l’avait déjà à 3ans. Mais ce qui a changé, c’est qu’il n’avait pas compris qu’il était bon. Pour l’aider, son entraîneur lui a mis des oeillères (victoire par 5 longueurs à Chantilly, devant Russian Cross). Ce jour-là, Never on Sunday a pris conscience de ses capacités. Et une fois sa leçon bien apprise, il “a dit” à son entourage qu’il n’avait plus besoin d’oeillères, refusant obstinément d’endosser cet accessoire le jour du Prince d’Orange… ce qui ne l’a pas empêché, sans artifices, de battre une nouvelle fois Russian Cross. Récemment, on a vu de jeunes chevaux qui ont encore à apprendre, mais qui sont déjà bons. Anco Marzio (American Post) en est un. Ses débuts, bien que victorieux, ont été assez difficiles, puisqu’il a été gêné et a failli tomber. Cette leçon – exécrable – l’a pénalisé dans le Prix du Pont-Neuf (L), où il s’est mis à tirer double dès qu’il a été un peu contrarié. Lui aussi, quand il aura compris, donnera sa pleine mesure et remportera des Groupes. Les exceptions à cette théorie sont les cracks. Zarkava (Zamindar) en était une. Dès ses débuts dans le Prix de la Cascade (F), elle avait non seulement compris ce que l’on attendait d’elle, mais aussi qu’elle était nettement meilleure que les autres.
« Je vois parfois dans le regard d’un cheval la beauté inhumaine d’un monde d’avant le passage des hommes ». |
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